En conclusion, on comprendra que l’action véritable a son point de départ dans l’Esprit, qui est Conscience et Présence, et peut seule prendre l’initiative de l’agir authentiquement libre. Le ressentiment, l’émotion, l’excitation et l’énervement agitent mais n’agissent pas. L’agir relève d’une faculté supérieure, qui est à la fois intelligence et volonté. Ceux qui en sont dépourvus ne peuvent mettre en pratique ces principes de l’action et sont condamnés à tourner en rond.
L’utilité de ces principes peut se vérifier dans la conduite des affaires personnelles, sauf qu’elle vise principalement la conduite des affaires publiques et corporatives. On ne juge pas un gouvernement d’après son étiquette idéologique mais d’après ses actes ou son absence d’acte, qui est inertie et entropie. Un gouvernement n’est pas «meilleur» qu’un autre parce qu’il est «socialiste», «capitaliste», « communiste », « gauchiste » ou « droitiste » ou encore sans idéologie connue. Cette perspective est celle de l’infantilisme politique. Un gouvernement réussit (ce qui est différent) dans la mesure de son aptitude et de sa capacité1 à mettre en pratique les principes expliqués par la géopolitique, entre autres:
a. De déterminer des objectifs praticables et réalisables en termes de temps et d’espace, ce qui est impossible sans une appréciation rigoureusement exacte et complète du contexte et de la situation.
b. De maintenir le moral, ce que ne peut faire un gouvernement inerte et entropique.
c. De concentrer et d’économiser l’effort, ce qu’un gouvernement inerte et entropique ne peut réaliser.
d. D’appliquer le principe de simplicité, ce qui n’est pas possible lorsque les niveaux de gouvernements se chevauchent et se nuisent mutuellement. L’application du principe de simplicité exige l’acte de présence sur place, avec la faculté de transcender la paperasse. Le papier est un aide-mémoire, il n’est pas une présence.
e. D’appliquer le principe de souplesse tout en ne perdant pas l’objectif à atteindre, ce qui est impossible sans acte de présence.
f. L’organisation logistique et l’administration sont plus faciles et potentiellement plus efficaces lorsqu’elles sont exécutées sur un territoire connu de tout le monde, ce qui a pour effet de rendre plus facile la coordination de l’effort et d’obtenir la coopération de tous les concernés.
Dans les conditions actuelles, il est évident que les principes ne sont guère appliqués. La politique n’est pas qu’affaire d’intérêts et de rapports de forces au sens inerte de ces expressions. Elle est avant tout action libératrice ou elle n’est pas et se condamne elle-même. Elle est affaire d’esprit et de cœur, d’affections et de haines aussi, que les politiciens sont ordinairement chargés de masquer sous les apparences du contraire. Elle n’est surtout pas affaire de théories creuses et de discours vides de sens.
Le Canada est un continent. Au nord des deux Amériques, il se présente comme une masse géographique gigantesque, glaciale sur les deux tiers de sa superficie, inhabitable et presque inhabitée sur plus de huit dixièmes de sa superficie, et, parmi les espaces habitables, manquant de régions œkoumènes aux neuf dixièmes de leur surface. Quelles que soient les formes constitutionnelles et juridiques qui seront adoptées après que le fédéralisme centralisateur et unitaire aura été éliminé, les Québécois, Ontariens, Albertains et tous les autres resteront canadiens de la même manière que les Suédois, Norvégiens, Danois et Islandais sont restés Scandinaves après le démantèlement final de l’Union de Kalmar qui avait soi-disant été fondée pour s’opposer puissamment aux commerçants hanséatiques. Dans la mesure où il coïncide avec l’espace géographique, l’espace économique ne changera guère et l’identité canadienne demeurera une référence continentale. Mais le Québec doit se décider à se faire reconnaître État de droit et nation, ce qu’il est déjà dans les faits, peu importe qu’on l’accuse de séparatisme ou non.
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