Toute action implique la nature humaine dans toutes ses dimensions, biologique, familiale, sociale, psychologique, intellectuelle, morale, métaphysique et eschatologique, toutes choses qui se tiennent comme les doigts d’une main. La nature humaine est entière et la réduire à l’état fragmentaire revient à la détruire. Il en résulte que l’action doit être entière et vraie, même et surtout lorsque l’action implique des individus qui doivent agir isolément, mais à l’intérieur d’un contexte et d’une situation précisément définis. À cet effet, tous les concernés doivent être convaincus en partant que l’organisation dans laquelle ils opèrent, fonctionnent et agissent est soucieuse de les protéger contre toute injustice. Plus facile à dire qu’à faire. D’autant plus facile à dire qu’on est généralement porté à pointer du doigt les autorités en place comme sources d’injustices, alors que l’injustice peut venir de n’importe qui dans l’échelle socio-économique, à partir du plus bas jusqu’au plus haut, l’injustice de ceux qui se trouvent « en bas » pouvant perturber l’ordre, la justice et la paix sociale autant que lorsqu’elle émane de ceux qui sont «en haut». Le maintien du moral exige de ne pas considérer les personnes selon leur rang et leur fortune, chacun devant donner le meilleur de lui-même, compte tenu des aptitudes et des capacités individuelles, l’injustice commençant lorsqu’un individu refuse de faire sa part.

La nature humaine est faible, est-il nécessaire de le dire et de le répéter? Elle est influençable. Portée aux réductions mentales et intellectuelles, elle verse facilement dans le sophisme et le sectarisme, oscillant d’un extrême à l’autre avec le potentiel de destruction qui en résulte, d’où la nécessité d’une formation intellectuelle rigoureuse et entretenue par le travail et l’étude. Les populations instruites et formées gardent devant l’adversité et les difficultés un meilleur moral que les ignorants et les demi-instruits dont les jugements sont parfois pires que ceux des illettrés. Je crains l’homme d’un seul livre, disait un auteur célèbre du Moyen-Âge. Dangereux sont ceux dont l’esprit ramène la réalité à une seule dimension. En tête de ligne, il y a ceux qui ont des droits, rien que des droits et pas autre chose que des droits. Des obligations? Nenni ! C’est bon pour les autres. Les individus de ce genre sont une menace dans n’importe quelle société et il ne faut pas craindre de les mettre à leur place, en prenant les grands moyens s’il le faut.

En partant, le maintien du moral exige l’application rigoureuse des trois premiers principes, lesquels ouvrent l’esprit vers une vision spectrale de la réalité plutôt que de tout réduire en une seule dimension. Pour le maintien du moral, il ne faut pas craindre de dire non à ceux qui, incapables de voir les limites du temps et du champ de l’action, cherchent à imposer leur loi au détriment de tous les autres. Jamais il ne faut hésiter à mettre à leur place les tyranneaux qui cherchent à imposer leur petit moi aux autres au nom de la démocratie. Ce qu’ils construisent, c’est une crétinocratie à leurs dimensions. Il n’y a pas de liberté, de paix, d’agir ou de démocratie dans le désordre. Qu’on ne s’y trompe pas. Une société véritablement démocratique est une société formée, entraînée au travail et à l’action, disciplinée et apte à agir par la confiance qui l’inspire et qu’elle inspire. La véritable égalité est dans la responsabilité personnelle que chacun doit entretenir envers lui-même et envers les autres. Personne n’a le droit de dire : « Ce n’est pas à moi de faire ceci ou cela » chaque fois qu’il est impératif d’agir. Discipline veut dire disponibilité. L’individu discipliné est celui ou celle qu’on peut déranger et qui se dérange pour accomplir ce qui doit être accompli. Les tyrans, pour qui tout doit être piégé en fonction de leur moi minuscule, ne sont pas disciplinés. Il n’y a rien à faire avec eux. La liberté est dans l’aptitude et la capacité d’agir, de poser des actes d’envergure dont on peut répondre devant sa propre conscience et devant l’histoire, sauf que les grandes actions s’accomplissent à partir de menues actions, souvent méprisées parce que trop humbles. Au départ, la discipline consiste à savoir que c’est à partir de petites choses qu’on en accomplit de plus grandes, non avec des idées et des théories creuses.

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