Comme l’émeute, le geste de défi spontané ou une suite d’actions improvisées ne sont que des feux de paille : vite allumés, vite éteints. Qui reste en mode réactif finit par perdre toute emprise sur la situation.

Qu’est-ce que la stratégie? La stratégie vous dit pourquoi, quand, comment et s’il faut se battre. La stratégie décrit vos manœuvres sur le terrain social, comment rééquilibrer le pouvoir sur votre route. L’objectif d’une stratégie de libération est d’élargir l’influence des groupes opprimés, par une reconfiguration durable des forces de la société.

Planifier la stratégie est une tâche réalisable, bien que complexe. Il faut d’abord connaître les méthodes de l’action non-violente — l’«arsenal» — et les dynamiques centrales de la résistance civile. Il faut également bien se connaître (comme groupe revendicatif) et bien connaître son adversaire et sa société.

Partez de ce que vous avez. Calculez les risques et jouez finement. Il y a un moment pour bien se préparer, un autre pour agir résolument. Choisissez chaque action pour sa cohérence, toujours en fonction du but recherché. Sachez quand vous déployer et quand vous replier.

Pesant bien le rendement possible d’une action contre les risques encourus, le bon stratège agit comme un investisseur aguerri : s’assurant de bâtir l’actif social, sans le dilapider.

Stratégie en étapes

1. Étudiez à fond le conflit non-violent stratégique

2. Analysez la situation en profondeur

3. Établissez des objectifs concrets, unificateurs

4. Utilisez un symbole clair du problème et de la solution

5. Décrivez phases et buts intermédiaires

6. Planifiez par campagne

7. Anticipez toute manœuvre adverse

8. Variez les tactiques (méthodes de protestation, non-coopération, intervention, concentration/dispersion)

9. Jalonnez la route de petites victoires

 

 

 

Discipline non-violente

Après l’unité et la planification détaillée, un troisième défi consiste à maintenir la résistance non-violente malgré les provocations et la répression.

La résistance civile peut être efficace face à la répression et à l’action policière précisément parce qu’elle offre une réplique indirecte à de telles forces. La lutte qui s’appuie sur des moyens non-violents échappe au contrôle des opposants. C’est pourquoi ils tenteront d’inciter la violence dans les rangs de la résistance civile, allant jusqu’à payer des agents provocateurs. Toute résistance violente (ou contre-violence) au milieu du conflit viendra décupler la capacité de répression de l’adversaire à l’encontre des résistants non-violents, ce qui aura souvent des conséquences désastreuses.

Les raisons de maintenir la discipline non-violente devant la provocation et la répression doivent être largement comprises et acceptées.